La vallée des larmes

Comment passer du déni à la sérénité ?

Théorisée par François Délivré, ce modèle proche de la courbe du deuil apporte un éclairage nouveau. Je ne peux que vous recommander de vous y intéresser, surtout en cette période.

Après une perte, réelle ou symbolique, nous passons successivement par ces 8 étapes (avec des retours en arrière possibles). Le point de départ peut être évident comme en ce moment, le confinement ou par exemple la perte d’un emploi, un déménagement. Il peut être aussi plus subtil comme la perte de confiance en quelqu’un, ou un acte contraire à nos valeurs profondes.

Comment fonctionnent ces 8 étapes ?

1. Le déni

Nous refusons la situation ou les circonstances. Spontanément, on s’exclame : « C’est pas vrai !? C’est pas possible !? »

2. La colère

On peut dire « Ce n’est pas juste ! Ils n’avaient pas le droit ! ». Cela peut aller au ronchonnement jusqu’à la fureur incontrôlable.

3. La peur

Ce qu’on pense :  » Qu’est ce que je vais devenir ? Je ne pourrai jamais m’en sortir tout.e seul.e… ». Nous pouvons osciller entre la peur pour soi, pour les autres, la peur ponctuelle ou l’angoisse latente. Il est même possible de ressentir un sentiment d’abandon, et une impossibilité de faire face. On n’est pas bien quoi.

4. La tristesse

Ce qu’on ressent : « C’est trop dur, je n’arriverai jamais à m’en remettre ». On est au fond du saut, au creux de la vague. C’est la phase la plus difficile. Mais le point positif, c’est que nous sommes pour la première fois au contact de la réalité. Et c’est à partir de ce moment que l’on va pouvoir remonter. Car tôt ou tard, tout passe.

Puis doucement, avec le temps, on entame la remontada, la phase de mieux. Grâce, peut-être, à un sourire, le chant d’un oiseau, une belle musique, on ne sait pas exactement pourquoi, mais l’espoir renaît…

5. L’acceptation

« C’est dur mais c’est ainsi, je vais continuer de vivre le mieux possible ». Ce n’est pas nier ou oublier, mais c’est faire face et continuer sa route. Nous-même, qui vivons ce deuil, passons au premier plan par rapport à l’objet du deuil

6. Le pardon

Nous renonçons à en vouloir à tous ceux que nous avons considéré comme responsables de notre souffrance. Le premier pardon vient pour soi-même, pour ne pas avoir pu empêcher la perte. Ensuite, vient le pardon aux auteurs de la perte (si objectivement il y en a), que nous ne considérons plus comme des êtres cruels, mais pour qui nous éprouvons un mélange de sentiments positifs.

7. Le cadeau caché

Nous nous rendons compte que le deuil a amené des choses positives : développer un talent caché, prendre du temps pour soi, accéder à plus de responsabilité, à un apprentissage etc…

8. La sérénité

Nous avons atteint la sérénité lorsque nous pouvons évoquer ce moment de vie sans excès d’émotion. Nous vivons désormais dans l’ici et maintenant et sommes prêts à placer notre énergie dans un nouveau projet.

Le bonus : le marchandage

Comme je l’ai dit plus haut, le processus n’est pas forcément fluide, surtout dans la phase descendante. On peut passer une étape en quelques secondes, rester bloqué.e dans une autre, revenir en arrière.

Et qui nous met des bâtons dans les roues ?

Nos stratagèmes de défense.

A la base, ils interviennent en pensant bien faire : ils veulent nous empêcher d’être trop empêtré.e dans la douleur. Or, c’est justement ce qui stoppe notre avancée.

Voici des exemples de marchandage :

« Si seulement je m’étais plus informé en amont ! J’aurai pu éviter cette catastrophe ! » Penser à tout ce qu’on aurait pu faire différemment.

« Tout est de ma faute » ou sa variante « Tout est de sa faute ». Ne pas prendre sa responsabilité.

« … ». C’est à dire, ne rien dire. Faire comme si la perte n’avait pas eu lieu.

« Il y a plus grave dans la vie ! » Minimiser la perte, en réduire l’importance ou son impact.

Prendre la fuite pour ne pas voir, se débarrasser de tout ce qu’il y a en lien avec la perte de façon excessive.

« J’ai trop de travail ». Se surmener dans l’hyperactivité pour ne pas ressentir.

« C’était mieux avant ». Reconstruire le passé en le magnifiant. Ce qui s’est passé autrefois devient plus important que le présent.

« De toute façon, tout fout le camp, je peux bien finir le chocolat/la bouteille de vin » La perte justifie les écarts, les abus. Tant pis si on se fait du mal.

Vous voilà maintenant mieux armé.e. Mais ce n’est pas parce que maintenant que vous savez que tout devient facile. N’hésitez pas à vous exprimer : écrire, parler, chanter, danser, pleurer. Tout fini par passer.

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